Affiche les résultats de 1 à 4 sur 4

Sujet : Sylvain Guintard et "Le dernier ninja"

  1. #1
    Member
    Inscrit
    février 2009
    Messages
    67
    Merci
    0
    Remercié 6 Fois dans 6 Messages

    Par défaut Sylvain Guintard et "Le dernier ninja"

    Salut les ami(e)s,

    Suite à mon précédent article sur le point vital entre les deux yeux, et à son incroyable mauvaise traduction dans le livre « L’art sublime et ultime des points vitaux » (Budô Editions) (voir ici sur ce forum : http://www.lejapon.org/forum/threads...-les-deux-yeux ), je vous avais promis de vous entretenir de la traduction française du « Dernier ninja » de Fujita Seiko (il s’écrirait en fait Saiko, mais j’ai conservé Seiko pour cet article).

    Eh bien voilà, chose promise, chose due.

    Prenons donc les choses par ordre chronologique.

    A l’origine, il y a le livre en japonais de Fujita Seiko : « Doronron saigo no ninja » [ どろんろん 最後 の 忍者 ], paru en 1958 au Japon.

    Vous pouvez le télécharger intégralement à ce lien, sous forme d’un PDF de 55 Mo :

    https://www.sendspace.com/file/1tre7c

    Comme dans mon article sur « L’art sublime et ultime des points vitaux », plutôt que de passer toutes les erreurs du livre en revue, j’ai décidé de me concentrer sur un exemple précis et représentatif, en l’occurrence l’évocation des techniques yônin (les techniques Yang du ninjutsu) par Joachim Bidallier, puis par Sylvain Guintard.

    Dans le livre japonais de Seiko, on trouve ce passage de la page 227 à la page 229 (c’est-à-dire les pages 114 et 115 du PDF).

    En France, le tout premier à avoir traduit ce livre est Joachim Bidallier.
    Il l’a fait paraître en auto-édition, et dans cette édition, on peut voir la traduction de ce passage en pages 188-189.
    Je cite in extenso :

    « Technique du Yônin (situation d’entrée rapprochée)… Méthode où en revêtant un déguisement en vue d’un stratagème, on s’infiltrait au milieu de l’ennemi.
    • Les préparatifs aux moments de se faufiler vers le camp ennemi :
    La technique du Suigetsu… Méthode pour s’infiltrer et se mélanger parmi l’armée ennemie.
    La technique du camouflage furtif (situation d’un expert en furtivité)… Méthode pour se rendre furtif aux yeux des gens et s’infiltrer.
    • Shikibenmin (Dialecte du sommeil des quatre saisons) :
    Auinujutsu… Mesure à prendre quand on a été découvert par un chien.
    • Chercher à quitter les lieux en marchant avant d’avoir terminé une mission :
    Nozokukagejutsu (technique d’observation des ombres) article cinq… Manière de ne pas se faire détecter quand on est menacé et s’infiltrer.
    Nozokukagejutsu, article cinq… Manière de dissimuler son corps au moment où on s’infiltre.
    Kanin ninkubari (Ninja expert pour fournir une personne), article trois.
    Mécanisme de passage, article six.
    • Intrigue de l’auto-apprentissage du ninjutsu et les arts secrets qui s’y attachent,
    Technique du Yônin (éléments sur les entrées distantes)… Méthode d’entrée au milieu de l’ennemi avant un conflit.
    Début du plan, article six… De temps en temps penser à des mesures pour s’infiltrer.
    Technique du katsurao (homme de la lune), article trois… Méthode pour insérer une mesure stratégique au milieu de l’ennemi.
    Ressembler à un fantôme, article trois… Méthode pour effectuer une action anticipant le signe d’action de l’ennemi.
    Technique du kunoichi… Méthode pour utiliser une mesure stratégique à savoir la femme kunoichi (femme ninja).
    Technique du satojin (villageois), article deux… Méthode pour entrer au milieu de l’ennemi en utilisant ceux de la nation ennemie.
    Technique du minomushi (corps d’insecte), article deux… Méthode pour faire le contre-espionnage de l’ennemi.
    Technique de l’hotaru bi (feu de luciole), article trois… Faire douter les hommes d’état responsables de l’ennemi, méthode pour les laisser attaquer.
    Technique du fukuro kaeshi (sac retourné), article deux… Méthode pour se laisser mettre en confiance avec l’ennemi, ébaucher cette couverture.
    Technique du Tenda (crachat des cieux), article deux… Méthode pour faire une mesure stratégique soi-même qui soit une mesure stratégique de l’ennemi.
    Technique de l’arc détendu, article deux… Méthode pour frapper la nuque pareille à l’inter-plan de l’ennemi qui est pratiqué étant endormi.
    Technique du yamabiko (écho de montagne), article deux… Etablir une mesure stratégique soi-même à faire de son propre gré, une mesure stratégique de l’ennemi qui devient réalité. »

    Pour preuve, en voici les photos :

    https://zupimages.net/viewer.php?id=24/26/rr5o.jpg

    https://zupimages.net/viewer.php?id=24/26/hww3.jpg

    https://zupimages.net/viewer.php?id=24/26/ekkt.jpg


    Quelques années plus tard, Joachim Bidallier devait être publié chez Budô Editions ; il lui a été faite une promesse d’édition, et Joachim Bidallier leur a donc envoyé son manuscrit (donc la version vue ci-dessus).
    Sylvain Guintard en a profité pour faire main basse dessus, en prétextant la mauvaise qualité de cette traduction française, ce qui l’aurait amené à relire directement le texte japonais d’origine.
    Voici d’ailleurs comment Sylvain Guintard s’en justifie via cette note de bas de page, en page 8 :

    « En 2011, je propose à une connaissance française résidant dans les montagnes de Nikkô/Tochigi [Joachim Bidallier], touchée par la triple catastrophe de Tohoku-Kanto (Fukushima) quelques mois auparavant, de se lancer dans la traduction du Doronron, car mon temps était totalement consacré au bouddhisme du shugendô dû à ma réhabilitation neuronale. De plus, ayant perdu son emploi, à cause de ses prises de position personnelles, face au délicat problème de la pollution atomique, il avait alors quelques soucis financiers… Lui ayant trouvé le meilleur éditeur d’arts martiaux en France, alors que je ne devais lui faire que sa préface, je m’aperçois que ce qui ne devait être que des retouches se transforme bientôt en une nouvelle traduction, tant la sienne était incompréhensible et relevant très certainement d’une « traduction Google ». Déçu que ce travail ne puisse aboutir, je me résigne à empoigner ce nouveau défi à bras-le-corps, et me voilà en 2012, plongé à nouveau dans les dictionnaires de japonais durant douze mois. Les expressions, les mots des époques Meiji et Taiso sont très différents du japonais moderne que je connaissais… Je dus donc tout réécrire en donnant parfois des explications en exergue du texte. »

    Dans ce livre publié par Budô Editions, la traduction du passage étudié ci-dessus se trouve en pages 262-263.
    Je cite in extenso la traduction alléguée de Sylvain Guintard :

    « Technique du yônin (une note de bas de page, la note n° 324, indique : « Ninja travaillant en plein air ») (situation d’entrée rapprochée) : afficher une apparence en vue d’appliquer un stratagème, une méthode d’infiltration en milieu ennemi.
    Les préparatifs au moment de se faufiler vers le camp ennemi :
    • La technique du suigetsu : méthode consistant à se faufiler pour s’introduire par diversion parmi l’armée ennemie. Technique de camouflage d’un expert dans laquelle la méthode consiste à se dissimuler afin d’avoir une apparence aussi furtive que possible aux yeux des gens.
    • Shikibenmin : (dialecte du sommeil des quatre saisons).
    • Auinujutsu : mesures à prendre lorsqu’on est découvert par un chien. Rechercher à quitter les lieux en boitant avant d’avoir terminé d’uriner.
    • Nozoku-kagejutsu (technique d’observation des ombres) : mesure pour ne pas se faire détecter quand on est menacé et se faufiler parmi les ombres.
    • Kanin-ninkubari (ninja expert pour approvisionner une personne) : mécanisme de passage. Intrigue de l’autoapprentissage du ninjutsu et des arts secrets qui s’y attachent.
    • Technique du yônin (situation des entrées distantes) : méthode d’entrée en milieu ennemi avant un conflit.
    Début du plan : penser aux moyens pour réussir à s’infiltrer.
    • Technique du katsurao (homme de la lune) : méthode pour créer un espace au milieu de l’ennemi.
    • Ressembler à un yokkai/yurre (fantôme) : méthode pour effectuer une action préventive face aux actions possibles de l’ennemi.
    • Technique du kunoichi : méthode pour utiliser la femme ninja comme arme.
    • Technique du satojin (villageois) : méthode pour pénétrer en milieu ennemi en utilisant des atouts de la nation ennemie (village).
    • Technique du minomushi (corps d’insecte) : à l’époque féodale, le minomuchi était une armure ressemblant à l’insecte du même nom, constitué de lamelle de bambou, de cuir et de paille tressée. Sorte de carapace qui permettait à l’agent de terrain de combattre à découvert.
    • Technique de l’hotaru-bi (feu de luciole) : méthode pour introduire le doute chez les responsables ennemis afin de créer des opportunités de franchissement.
    • Technique du fukuro-kaeshi (sac retourné) : méthode pour mettre en confiance l’ennemi, « dessiner une couverture ».
    • Technique du tenda (crachat des cieux) : méthode sacrifice pour faire de soi-même une arme mortelle vis-à-vis de l’ennemi.
    • Technique de l’arc détendu : méthode pour frapper l’ennemi derrière la nuque alors qu’il sommeille.
    • Technique du yamabiko (habitant montagnard) : établir une série de difficultés entre soi et l’ennemi afin que la réalité devienne très difficile. »

    Pour preuve, en voici le scan :

    https://zupimages.net/viewer.php?id=24/26/8vw9.jpg


    Alors le moins que l’on puisse dire, c’est que ces deux traductions sont très approximatives.

    Qu’en est-il de ce passage ?

  2. #2
    Member
    Inscrit
    février 2009
    Messages
    67
    Merci
    0
    Remercié 6 Fois dans 6 Messages

    Par défaut Re : Sylvain Guintard et "Le dernier ninja"

    Les « techniques Yang » (yônin) citées sont celles qui sont listées dans le « Bansenshûkai », très précisément dans le cahier 4.
    Ce n’est grosso modo là qu’une sorte de sommaire de ce cahier, où chaque chapitre expliquant une technique est détaillé par un certain nombre d’articles, annoncé lui-même en titre.

    D’où une première (grosse) erreur dans la traduction de Joachim Bidallier :
    ce n’est pas « article cinq », « article six » ou « article deux », mais « Cinq articles concernant la technique de… », « Six articles concernant la technique de… » ou « Deux articles concernant la technique de… », etc...
    Alors là, Sylvain Guintard ne s’est pas emmerdé, il a carrément fait l’impasse sur cette caractéristique du texte.

    Autre erreur, ou du moins approximation :
    Les techniques d’infiltration du Yônin sont divisées en deux types : les techniques d’infiltration « à long terme » (vol. 8 ) et « à court terme » (vol. 9), et non « situation d’entrée rapprochée » et « éléments sur les entrées distantes » au sens géographique.

    Ensuite, si je dois énumérer les techniques Yang listées dans le livre originale de Fujita Seiko, voilà ce que je lis :

    « Technique du reflet de la lune sur l’eau » (suigetsu no jutsu), nom de la technique non-traduit par Joachim Bidallier, et traduit approximativement par Sylvain Guintard en tant que « Technique de la lune dans l’eau » (peut-être a-t-il confondu avec « ugetsu » ?).
    (N.B. : Éviter à tout prix la traduction : « la technique du plexus solaire » !)

    Les autres sont exactement toutes celles que l’on trouve dans le volume 8 du « Bansenshûkai » :

    « Six articles concernant les conditions générales préalables à une mission ninja à long terme » (shikei roku kajô), « Début du plan » chez Joachim Bidallier et chez Sylvain Guintard n’est donc pas si mal, mais assez approximatif.

    « Trois articles concernant la technique de Katsura Otoko » (Katsura Otoko no jutsu san kajô), alors là, c’est une erreur chez Joachim Bidallier, erreur reprise telle quelle chez Sylvain Guintard.
    Je sais que dans le livre japonais les furigana disent : « katsura(w)o » (かつらを), mais c’est quand même une erreur, car le vrai nom du personnage folklorique qui se retrouve seul sur la lune, et qui se calligraphie 桂男, c’est bien « Katsura Otoko ».

    « Trois articles concernant la technique de « l’ombre de la forme » » (jokei no jutsu san kajô), nous en reparlerons ci-dessous plus en détail.

    « La technique de la femme » (kunoichi no jutsu), nom de la technique qui n’est traduit ni chez Joachim Bidallier, ni chez Sylvain Guintard.

    « Deux articles concernant la technique de « l’habitant local » » (satojin no jutsu ni kajô), donc « Technique du villageois » : OK chez Joachim Bidallier, et OK chez Sylvain Guintard.

    « Deux articles concernant la technique du « vers dans le corps » [adverse] » (mi no mushi no jutsu ni kajô), et sûrement pas « corps d’insecte », donc erreur chez Joachim Bidallier, erreur reprise telle quelle chez Sylvain Guintard.

    « Trois articles concernant la technique de « la lumière de la luciole » » (hotarubi no jutsu san kajô), donc « Technique du feu de luciole » : OK, ça va à peu près, chez Joachim Bidallier et chez Sylvain Guintard.

    « Deux articles concernant la technique du « retournement du sac » » (fukurogaeshi no jutsu ni kajô), donc « Technique du sac retourné » : OK chez Joachim Bidallier, et OK chez Sylvain Guintard (hormis pour la transcription fukuro kaeshi / fukuro-kaeshi. Une connaissance minimale de la langue japonaise ne veut-il pas que dans un tel cas de figure, le K de « kaeshi » se transforme en G ?).

    « Deux articles concernant la technique du « crachat au ciel » » (tenda no jutsu ni kajô), et pas du tout « crachat des cieux », donc erreur chez Joachim Bidallier, erreur reprise telle quelle chez Sylvain Guintard.

    « Deux articles concernant la technique de « la décoche de l’arc » » (shikyû no jutsu ni kajô), « l’arc détendu » peut correspondre à shikyû, donc pourquoi pas. Je vais donc dire OK chez Joachim Bidallier, et OK chez Sylvain Guintard.

    « La technique de « l’écho dans la montagne » » (yamabiko no jutsu ni kajô), donc « Technique de l’écho de montagne » : OK chez Joachim Bidallier mais erreur flagrante chez Sylvain Guintard lorsqu’il écrit « technique de l’habitant montagnard ».

    Si vous avez bien suivi jusqu’ici, vous aurez sûrement constaté un autre gros problème : le nom de la technique, listée entre la « technique de Katsura Otoko » et la « technique de la femme », c’est bien la « technique de l’ombre de la forme » (jokei no jutsu).
    Alors, d’où vient « Ressembler à un fantôme » (chez Joachim Bidallier) et « Ressembler à un yokkai/yurre (fantôme) » (chez Sylvain Guintard) ?
    Cela vient tout d’abord d’une mauvaise traduction de bakemono.
    Bakemono [ 化物 ] signifie littéralement « Choses qui se transforment ». Ce terme désigne toutes les créatures du folklore japonais ayant la faculté de se métamorphoser, que ce soit des esprits animaux tels que les « renards » (kitsune) ou les fantômes et spectres en tous genre (c’est pourquoi on traduit quelquefois le nom de cette technique en tant que « technique fantôme » ou « technique du spectre », mais pas « Ressembler à un fantôme » !).
    Et c’est bien cette lecture et cette prononciation « bakemono » qui sont stipulées dans le manuscrit original du « Bansenshûkai » via les furigana, et en aucun cas « yokkai » ou « yurre » (Sylvain Guintard s’est-il planté dans la retranscription de yôkai et de yûrei, mots pourtant bien connus ?).
    Pour ma part, je la traduirai de façon précise en tant que « technique du changeforme ».
    C'est tout simplement la technique du changement d’apparence/désilhouettage, au sens le plus large.
    C’est effectivement une technique Yônin, mais elle fait partie des techniques Yang d’infiltration à court terme, et décrite de ce fait dans le volume 9 du « Bansenshûkai ».
    Et elle n’est jamais mentionnée dans ce passage du livre de Fujita Seiko si l’on s’en réfère au texte japonais original.
    C’est donc faux et archifaux, sur la forme comme sur le fond : je ne sais pas d’où Joachim Bidallier la sort pour la mettre dans sa traduction, mais Sylvain Guintard recopie exactement la même bourde, erreurs de transcription en supplément.

    Je vous fais grâce des quelques techniques Yin (innin), telles que « Shikibenmin (Dialecte du sommeil des quatre saisons) », c’est-à-dire en fait « Considérations générales sur le sommeil en fonction des saisons » (shiki ben min taigai) (qui est le chapitre 1 du volume 13 du « Bansenshûkai », dans le cahier 6).

    Passons maintenant à la nature de ces techniques.
    Et là, que ce soit dans la version de Joachim Bidallier comme dans la version de Sylvain Guintard, c’est carrément la fête à neuneu !

    Les techniques Yang du ninjutsu (yônin) sont les techniques ninja où l’on agit « en plein jour », tandis que les techniques Yin du ninjutsu (innin) sont les techniques ninja où l’on agit « dans la nuit ».
    C’est à prendre au sens symbolique évidemment : si on se cache derrière un buisson en pleine journée pour surveiller un bâtiment, c’est quand même une technique Yin, et si on prend l’apparence d’un artiste ambulant faisant le show dans la soirée, c’est quand même une technique Yang.
    Donc, « ninja travaillant en plein air » pour le yônin est une erreur de Joachim Bidallier, erreur reprise telle quelle par Sylvain Guintard.

    Plus précisément (je résume à partir de ce que j’ai lu directement dans le manuscrit original en kanbun du « Bansenshûkai ») :

    « La technique de Katsura Otoko » » : On envoie un de ses agents s’implanter chez l’ennemi pour l’espionner de façon active ; cet agent se retrouve donc loin de chez lui et seul, isolé dans le camp ennemi, tout comme Katsura Otoko se retrouve loin de la Terre et seul, isolé dans la lune.
    Version de Joachim Bidallier : Méthode pour insérer une mesure stratégique au milieu de l’ennemi.
    Version de Sylvain Guintard : Méthode pour créer un espace au milieu de l’ennemi.

    « La technique de « l’ombre de la forme » » : on infiltre l’ennemi immédiatement dès que l’on observe les premiers actes d’hostilité entre l’allié et l’ennemi, mais avant que la guerre ne soit déclarée, aussi promptement et étroitement qu’une ombre attachée à une forme.

    « La technique de la femme » : c’est tout simplement le recrutement et l’utilisation d’une femme pour une mission ninja X ou Y.
    Version de Joachim Bidallier : Méthode pour utiliser une mesure stratégique à savoir la femme kunoichi (femme ninja).
    Version de Sylvain Guintard : Méthode pour utiliser la femme ninja comme arme.

    « La technique de « l’habitant local » » : On recrute un membre de la population ennemie, mais parmi les plus basses et les plus pauvres classes, et on en fait un de ses agents. Ou, comme son nom l’indique, tout simplement se faire aider localement par un ou des habitant(s) du cru lorsqu’on est quelque part.
    Version de Joachim Bidallier : Méthode pour entrer au milieu de l’ennemi en utilisant ceux de la nation ennemie.
    Version de Sylvain Guintard : Méthode pour pénétrer en milieu ennemi en utilisant des atouts de la nation ennemie (village).

    « La technique du « vers dans le corps » [adverse] » : en langage moderne, on dirait « recruter une taupe ». On recrute un membre de l'armée ou de l'administration ennemie, on en fait un de ses agents, et celui-ci deviendra alors pour l'ennemi comme un vers à l'intérieur de son corps, qui le ronge, le rend malade et le détruit de l'intérieur.
    Version de Joachim Bidallier : Méthode pour faire le contre-espionnage de l’ennemi.
    Version de Sylvain Guintard : A l’époque féodale, le minomuchi était une armure ressemblant à l’insecte du même nom, constitué de lamelle de bambou, de cuir et de paille tressée. Sorte de carapace qui permettait à l’agent de terrain de combattre à découvert.

    « La technique de « la lumière de la luciole » » ou tout simplement « … de la luciole » : depuis les années que j’étudie le ninjutsu et ses textes traditionnels, je n'ai jamais réussi à saisir la métaphore, jamais je ne l'ai vue expliquée nulle part, ni dans un livre anglais, ni dans un livre japonais, encore moins dans un livre français.
    Mais voici en quoi elle consiste : on prend un ninja de mauvaise qualité et/ou sacrifiable, on lui fournit de fausses informations, et on l'envoie en étant sûr qu'il se fera attraper par l'ennemi (soit parce qu'il est mauvais par nature, soit parce qu'on s'arrange pour que l'ennemi l'attrape). Si l'ennemi l'interroge et qu'il parle, l'ennemi sera désinformé par les fausses informations reçues.
    Version de Joachim Bidallier : Faire douter les hommes d’état responsables de l’ennemi, méthode pour les laisser attaquer.
    Version de Sylvain Guintard : Méthode pour introduire le doute chez les responsables ennemis afin de créer des opportunités de franchissement.

    « La technique du « retournement du sac » » : c’est la technique de la trahison pure et simple. On semble être dès le départ contre le seigneur allié et pour le seigneur ennemi, à l’inverse de la réalité, comme un sac retourné à l’envers et qui finira par être remis à l’endroit en bout de course, au moment voulu.
    Version de Joachim Bidallier : Méthode pour se laisser mettre en confiance avec l’ennemi, ébaucher cette couverture.
    Version de Sylvain Guintard : Méthode pour mettre en confiance l’ennemi, « dessiner une couverture ».

    « La technique du « crachat au ciel » » ou « … de l'eau lancée au ciel ». Pour nous, ce serait « pisser contre le vent » ou « l'effet boomerang ». En tout cas, l'idée, c'est que quand on capture un ninja ennemi, on ne le tue pas, on ne l’emprisonne pas, au contraire : on lui fait une offre très avantageuse, et on le fait travailler pour son compte. Pour l'ennemi, le ninja qu'il a envoyé lui revient donc métaphoriquement dans la figure, comme un crachat ou de l'eau qu'il aurait lancé vers le ciel.
    Version de Joachim Bidallier : Méthode pour faire une mesure stratégique soi-même qui soit une mesure stratégique de l’ennemi.
    Version de Sylvain Guintard : Méthode sacrifice pour faire de soi-même une arme mortelle vis-à-vis de l’ennemi.

    « La technique de « la décoche de l’arc » » (j'ai un peu de mal avec le caractère japonais « détendu » dans ce contexte : l'arc est-il « détendu » car non-bandé, ou est-il « détendu » car il décoche sa flèche ? Je prends ici la deuxième solution) :
    c'est la technique de « l'agent dormant ». Un ninja est infiltré chez l'ennemi et bien intégré chez celui-ci, il ne fait rien de spécial jusqu'au jour où on a besoin de lui et où il exécute alors une mission ninja X ou Y. En somme, il est comme une flèche sur un arc tendu en attente du moment où il sera décoché/« tiré » contre l'ennemi. Ou alors comme un arc détendu qui attend le bon moment pour être bandé, et donc remis en état de fonctionner quand on a besoin de s'en servir.
    Version de Joachim Bidallier : Méthode pour frapper la nuque pareille à l’inter-plan de l’ennemi qui est pratiqué étant endormi.
    Version de Sylvain Guintard : Méthode pour frapper l’ennemi derrière la nuque alors qu’il sommeille.

    « La technique de « l’écho dans la montagne » » ou tout simplement « … de l'écho » : le ninja et son seigneur/commanditaire sont comme la main droite et la main gauche. Lorsqu'ils sont loyaux et unis l'un à l'autre, c'est comme si les deux mains se rejoignaient, et le bruit du claquement de mains qu'elles produisent alors symbolise la loyauté du ninja vis-à-vis de son commanditaire. Et de même que l'écho dans les montagnes prolonge le bruit du claquement de mains même lorsque les mains en elles-mêmes s'éloignent l'une de l'autre, cette technique prolonge le lien et la loyauté entre le ninja et son seigneur, même s'ils sont apparemment désunis et éloignés l'un de l'autre. C'est-à-dire qu'un ninja simule une brouille avec son seigneur, et fait semblant de le quitter avec perte et fracas (en tuant ou en détruisant au passage des éléments sacrifiables (hommes, baraquements...) pour que la ruse soit crédible). Il se sert de ce prétexte pour entrer au service de l'ennemi de son seigneur d'origine. Mais en fait, il lui reste toujours loyal, et il trahit son pseudo-nouveau seigneur pour le compte de son seigneur d'origine le moment venu.
    Version de Joachim Bidallier : Etablir une mesure stratégique soi-même à faire de son propre gré, une mesure stratégique de l’ennemi qui devient réalité.
    Version de Sylvain Guintard : Etablir une série de difficultés entre soi et l’ennemi afin que la réalité devienne très difficile.

  3. #3
    Member
    Inscrit
    février 2009
    Messages
    67
    Merci
    0
    Remercié 6 Fois dans 6 Messages

    Par défaut Re : Sylvain Guintard et "Le dernier ninja"

    Et pour cette technique Yang d’infiltration à court terme qu’est « Suigetsu no jutsu », « la technique du « reflet de la lune sur l'eau » » ?
    C'est changer d’apparence pour prendre spécifiquement celle des soldats ennemis. De la même façon que l’eau reflète de façon exacte la forme et l’apparence de la lune, mais de façon illusoire, le ninja « reflète » l’apparence des soldats ennemis, mais de façon tout aussi illusoire et captieuse, pour pouvoir s’infiltrer dans un endroit bien protégé.
    Version de Joachim Bidallier : Méthode pour s’infiltrer et se mélanger parmi l’armée ennemie.
    Version de Sylvain Guintard : Méthode consistant à se faufiler pour s’introduire par diversion parmi l’armée ennemie. Technique de camouflage d’un expert dans laquelle la méthode consiste à se dissimuler afin d’avoir une apparence aussi furtive que possible aux yeux des gens.



    Tout ceci étant dit, lisez et relisez le passage original dans le texte japonais, puis comparez-le soigneusement et avec la traduction de Joachim Bidallier et avec la traduction de Sylvain Guintard (et avec les explications que je viens de vous donner).

    Que constatez-vous ?

    Hé oui : à quelques mots près, la traduction de Sylvain Guintard et la traduction de Joachim Bidallier sont exactement les mêmes, erreurs incluses, jusque et y compris l’erreur grossière de « Ressembler à un fantôme », inexistant dans le texte japonais d’origine.

    Conclusion :
    Sylvain Guintard s’est approprié purement et simplement la traduction française de Joachim Bidallier, et ce, sans la corriger correctement, visiblement sans même se référer au texte original de Fujita Seiko (contrairement à ses dires) !

    Que quelqu’un comme Joachim Bidallier ait fait des erreurs, ça se comprend tout à fait : Il débutait dans le domaine de la traduction, et d’ailleurs, cette première version remise à Budô Editions n’était simplement qu’un « premier jet ».

    Que quelqu’un comme moi puisse faire des erreurs, ça se comprend tout à fait aussi : je n’ai jamais prétendu être un parfait bilingue français-japonais, et encore moins avoir été au Japon, pour pratiquer les arts martiaux sous la direction de « Maîtres » ou autre.

    Mais que quelqu’un comme Sylvain Guintard, qui se vante d’avoir vécu au Japon pendant de nombreuses années, et y avoir appris le ninjutsu au point d’être 5ème Dan* en arts martiaux, ait pu plagier une traduction française en commettant un vol de manuscrit, et encore ! en le volant et en le plagiant tellement mal qu’on y trouve encore des erreurs aussi énormes sur le ninjutsu, il n’y a qu’une seule chose à dire :
    Sasuga nisemono dayo ! Salabajya.

    Et dès lors, que dire aussi de Budô Editions, le « meilleur éditeur d’arts martiaux en France », qui s’est prêté (volontairement ou involontairement ?) à cette mascarade ?

    Je ne vois rien de plus à ajouter.

    Naturellement, vous êtes invité à me signaler, le cas échéant, toute erreur que j’aurais moi-même pu commettre dans le corps du présent article.


    * Lesquels Dan de Sylvain Guintard s’avèrent bizarrement fluctuants au fil du temps.
    Dans sa VHS « Bujinkan ninja : Techniques fondamentales et principes supérieurs », il est présenté ainsi : « Sylvain Guintard, 6e dan, est l’un des plus hauts gradés occidentaux dans l’art du Ninjutsu ».
    Tandis qu’en quatrième de couverture du livre « Ninjas : Histoire et traditions », daté de 1991, il est annoncé : « Sylvain Guintard, 8e dan, shihan… »
    En 2007, sur la première de couverture du livre « Ninja. Les armes du ningu », il est écrit en toute lettre : « Sylvain Guintard, ceinture noire 5e dan ».
    Comprenne qui peut…

  4. #4
    Modérateur
    Inscrit
    mai 2001
    Lieu
    Le monde entier
    Messages
    15 274
    Merci
    0
    Remercié 485 Fois dans 432 Messages

    Par défaut Re : Sylvain Guintard et "Le dernier ninja"

    Peut-être pas grand chose à comprendre. Une mascarade qui dure depuis les années 80 et le début de la vague ninja en occident. On doit tout de même trouver des gens sérieux mais que de ridicule consommé dans ce milieu.

sujet d'information

Utilisateur(s) parcourant ce sujet

il y a actuellement 1 utilisateur(s) parcourant ce sujet. (0 membres et 1 visiteurs)

Sujets similaires

  1. Traduction Fr -> Jp Traduction de "samedi dernier"
    Par matthieu dans le forum Traductions
    Réponses: 3
    Dernier message: 09/10/2013, 11h57
  2. Divers Séance de dédicaces "L'inconsciencieux" voir sujet "Jinn 30 ans jeune Japonais"...
    Par Linconsciencieux dans le forum Littérature
    Réponses: 0
    Dernier message: 24/06/2009, 13h12
  3. Site perso de Sylvain Guintard
    Par Dieuseulmevoit dans le forum Vos découvertes de sites
    Réponses: 4
    Dernier message: 14/04/2005, 11h44
  4. Dialogues du "Dernier Samouraï"
    Par Lokan_Ratum dans le forum Questions générales de japonais
    Réponses: 3
    Dernier message: 13/02/2005, 09h01
  5. Samourai Le véritable "Dernier samourai" ? C'est à voir...
    Par ToyamaNoKinsan dans le forum Histoire et traditions
    Réponses: 15
    Dernier message: 19/10/2004, 00h57

Tags pour ce sujet

Règles des messages

  • Vous ne pouvez pas créer de sujets
  • Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
  • Vous ne pouvez pas importer de fichiers joints
  • Vous ne pouvez pas modifier vos messages
  •  
  • Les BB codes sont Activés
  • Les Smileys sont Activés
  • Le BB code [IMG] est Activé
  • Le code [VIDEO] est Activé
  • Le code HTML est Désactivé